Réflexions sur l’identité dans le Cours de Linguistique Générale et dans les manuscrits sur les légendes germaniques.
Entre 1907 et 1911, Saussure a donné trois Cours de Linguistique Générale à l'Université de Genève. Les notes des étudiants y ayant assisté ont été postérieurement publiées par C. Bally et Albert Sechehaye sous le titre de Cours de Linguistique Générale. Or, au début du XXe siècle, Saussure ne s'est pas consacré qu'à la linguistique générale, il s'est aussi intéressé à d'autres thèmes, comme les Anagrammes et les Légendes germaniques. Pour ce qui est de ces dernières, Godel (1969 : 28) affirme qu'il s'y est dédié de 1903 à 1910, c'est-a-dire en concomitance partielle avec les Cours de Linguistique Générale. De ce fait, il est pertinent de se demander quels sont les points de convergence et de divergence entre ces deux recherches. Ce travail entend examiner la conceptualisation de l'identité dans le CLG et dans les manuscrits sur les légendes, en tenant compte du rôle de la sémiologie dans le développement de cette notion. Dans le CLG, Saussure affirme ne pas faire de différence fondamentale entre : « une valeur, une identité, une unité, une réalité (au sens linguistique, réalité linguistique) et un élément concret linguistique. » (SAUSSURE, 1997 : 29). Ainsi l'identité s'égale-t-elle à la valeur, justement parce que le système se base sur des relations et des différences. Cependant, à certains endroits des manuscrits sur les légendes, Saussure semble présupposer une identité distincte de celle du CLG. Cela ressort mieux encore si nous considérons que l'objectif initial de Saussure, pour ce qui est des légendes, avait une nature historique : il défendait que l'analyse des Nibelungen permettrait de rétablir l'histoire du petit royaume burgonde de 435. Il convient d'ajouter à cette affirmation que dans d'autres passages de ces manuscrits le linguiste compare exhaustivement personnages historiques et personnages légendaires. Toutefois, la posture de Saussure sur l'identité change dans les manuscrits sur les légendes et cette notion finit par se rapprocher de celle soutenue dans le CLG.
Notre hypothèse de départ est que ce changement de posture envers l'identité est lié au constat de Saussure de ce que la légende est un système sémiologique soumis aux mêmes lois et vicissitudes que la langue et, donc, soumis à la masse parlante et au temps.
Néanmoins, penser l'identité dans la relation entre le CLG et la recherche sur les légendes implique de penser le rôle de la sémiologie dans la réflexion générale de Saussure.
GODEL, R. Les sources manuscrites du Cours de Linguistique Générale de F. De Saussure. Genève, Librairie Droz, 1969.
SAUSSURE, F. de. Curso de Linguística Geral. [1916] Editado por Charles Bally & Albert Sechehaye com a colaboração de Albert Riedlinger. Tradução A. Chelini, J. P.Paes e I. Blikstein. São Paulo: Cultrix, 2012.
_____. Le leggende germaniche : scritti scelti e annotati a cura di Anna Marinetti e Marcello Meli. Libreria Editrice Zielo: Italia, 1986.
_____. Première Cours de Linguistique Générale (1907) : d’après les cahiers d’Albert Riedlinger/ Saussure’s first course of lectures on general linguistics (1907) : from the notebooks of Albert Riedlinger. French text edited by George Wolf e English text edited by Roy Harris. Pergamon Press, 1997.
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